Adossé à la porte, un livre dans une main, un stylo dans l'autre, j'observais ainsi ma mère depuis plusieurs minutes tout en restant dans le silence. Cette dernière se tenait devant un miroir, bien trop occupée à se maquiller pour remarquer ma présence. Moi, j'observais la scène avec un petit sourire sur mes lèvres. Elle aussi souriait, mais ce n'était pas pour les mêmes raisons que moi. Au bout d'un moment, je me décidai enfin à briser le silence et à révéler à ma mère ma présence. "Tu vois quelqu'un, n'est ce pas ?". Cela ne sonnait pas comme un reproche, simplement comme une curiosité de ma part. Surprise de ma présence, ma mère se tourna finalement vers moi, son sourire toujours sur ses lèvres. "Et si je me faisais simplement belle pour mon fils ?". Amusé par sa réplique, je me mis à sourire à mon tour. Voir ma mère fréquentait quelqu'un me faisait intérieurement plaisir. Pourquoi ? Pour une raison simple. Je n'avais jamais connu mon père, c'est ma mère et elle seule qui m'avait élevé. De mon géniteur, je ne connaissais même pas son nom ou encore son prénom. Je savais simplement qu'il vivait lui aussi à Bristol, et avait eu un autre fils quelque mois après ma naissance. Mon demi frère en occurrence. La différence entre ce dernier et moi était qu'il avait choisit de le reconnaître contrairement à moi. Mais de mon côté, je ne m'étais jamais soucié de tout ça. Pourquoi se ronger intérieurement pour une personne qui n'en vaut pas la peine ? La relation entre mon père et ma mère avait été de courte durée. Une relation de quelques semaine, une nuit passé ensemble, et neuf mois plus tard, TADAM, j'étais là ! Malgré ça, je voulais le bonheur de ma mère. Elle le méritait amplement. Souriant encore et toujours, je me rapprochai avant de déposer un rapide baiser sur sa joue. "Je doute que ce soit pour moi. Tu as de la chance, j'accepte de te partager pour ce soir" lançais- je avec humour tout en quittant la pièce. J'avançai de quelques pas avant de rependre la parole "Ne rentre pas trop tard" dis- je en riant.
Pourtant, malgré cela, il fallait bien que quelque chose vienne perturber ce quasi bonheur que nous partagions ma mère et moi. En rentrant chez moi un samedi après- midi, je trouvai ma mère assise à la cuisine, la mine soucieuse devant une pile de documents. Ignorant tout de ce qu'il se passait, et bien décidé à lui apporter un peu de gaieté, je pris cette situation avec humour, comme je savais si bien le faire. " Tu devrais sourire, on dit que la vie est un fromage !" lançais- je tout en prenant une pomme que je lançais d'une main à l'autre. Pourtant, ma "plaisanterie" ne fit même pas sourire ma mère. "Il faut que tu quittes Bristol pendant quelques temps, Lennon" me répondit- elle sans ciller. Je ne comprenais toujours rien de ce qu'il se passait ni même de ce qu'il lui prenait. Avais- je loupé un chapitre quelque part ? Probablement. "Alors sa y' est, maintenant que je suis enfin majeur, tu veux te débarasser de moi ?" lui répondis- je toujours et encore avec humour. Un soupire s'échappa alors de la bouche de ma mère ce qui enclencha un déclic chez moi. La seule chose qui pouvait la faire réagir de cette façon soit le fait que quelqu'un veille s'en prendre à moi. Au bout de quelques minutes qui me parurent une éternité, le verdict sortit enfin de sa bouche : "Ton père veut te connaître et faire les papiers pour te reconnaître..." avoua t- elle enfin. Cela semblait invraisemblable : l'homme qui pendant vingt et un ans n'avait jamais pris de mes nouvelles et dont j'ignorais tout voulait subitement prendre de mes nouvelles. Poisson d'avril ? Même pas. Voyant qu'il ne servait à rien de discuter, je soupirai à mon tour avant de me diriger en trainant les pieds vers ma chambre. On dirait qu'il valait mieux s'éloigner de la ville pendant quelques temps... "Bien, je m'en vais pendant quelques temps, puisqu'il le faut vraiment !". Tout cela me fit prendre un aller simple pour Tewkesbury. De son côté, à Bristol, ma mère allait essayer de s'arranger avec mon géniteur pour qu'il laisse tomber cette procédure. Moi, de mon côté, j'allais goûter à la vie de fermier accompagné de gosses de riches, dans un bled dont je ne connaissais même pas l'existence, trop bien, nan ? Affaire à suivre...

Bienvenue Très bon choix