Ma main sur mon torse, mon cœur battait la chamade. Mon corps bougeait dans tout les sens dans la paille. Mon sommeil était bel et bien agité depuis des années à cause de son souvenir, de son visage et son sourire qui n’avaient jamais réussi à disparaitre de mon esprit. Pourquoi je me sentais aussi coupable vis-à-vis de sa mort ? Peut-être que cette promesse n’aurait jamais du être prononcé. L’amour était un sentiment merveilleux lorsque la personne était à nos côtés. Mais, l’absence de cet être nous enferme dans la tristesse et la mélancolie. J’ai aimé, une seule femme dans toute ma vie qui a fini par mourir et j’essaie de me persuader que ce n’est pas de ma faute. La mort devrait créer une barrière avec l’être qui n’était plus de ce monde. Pourtant, je me sentais toujours proche d’elle d’une certaine façon. A vrai dire, il m’était impossible de faire le deuil. J’avais vu les débris de la maison, ainsi que les corps de ces parents mais pas le sien. Alors, je me rattachais toujours à l’espoir qu’elle aurait pu survivre mais qu’une amnésie ou autre l’empêchait de se manifester. J’étais peut-être fou ou tout simplement optimiste pour essayer de vivre ma vie le plus normalement possible. Cependant, son absence était si pesante pour moi que j’oubliais parfois à quel point j’aurais voulu qu’elle connaisse la vérité avant qu’elle parte avec son rendez-vous. Cette fille n’aura jamais eu la chance de connaître mes sentiments envers elle. Malgré les années que j’avais passés à ses côtés. Il fallait avouer que nous nous étions rencontré durant nos études qui furent assez courtes pour tout les deux vu qu’elle était riche et moi, je ne supportais pas les cours. On avait une relation particulière qui nos unissait depuis des années. D’ailleurs, j’aimais croire qu’on refoulait notre amour de peur de briser de notre amitié. Finalement, j’aurais dû faire le premier pas afin de vivre quelque chose de sincère et de tellement beau à ses côtés durant son vivant. Mais à présent, j’essayais de me persuader que c’était trop tard pour nous…

Mes paupières étaient closes. L’écurie était très calme en cette belle matinée. Les chevaux semblaient à l’aise dans leur box respectif. Rien ne pouvait me perturber durant mon petit moment de repos après un jogging matinal. « Illan, tu m’avais juré que tu me protègerais au prix de ta vie. Tu n’as pas tenu ta promesse. Je te hais tellement … » Les yeux écarquillaient. Je stoppai net mon moment de détente en regardant à droite puis à gauche comme pour me prouver qu’il n’y avait personne sauf les bêtes. Pourtant, j’avais bel et bien entendu une voix qui ressemblait tellement à mon amour passé. Je délirais complètement. Bientôt, je devrais consulter un psychologue pour mes crises de folie. Parfois, je n’arrivais plus à faire la part entre la réalité et le fantasme. C’était sans doute très grave pour les personnes dites normales. Mais pour moi, c’était un moyen comme un autre de revoir son visage quelques secondes en essayant d’imaginer ce qu’elle pensait de moi. Finalement, je me décidais à me lever afin de reprendre mon boulot. J’avais loin d’avoir terminé ma journée. Les petits prétentieux avaient fait leurs appariations pour mon plus grand malheur. Certains n’arrivaient même pas à prendre une pelle correctement de peur de se casser une côté ou pire un ongle ! Mon dieu ! Je n’allais certainement pas m’ennuyer avec ces personnes si superficielles. La porte de l’écurie grinça come d’habitude. Cependant, ce n’était pas à cause du vent, cette fois-ci. J’avais de la visite ! Miracle. C’était certainement une nouvelle recrue qui devait m’aider pour mes tâches quotidiennes. Je sentais qu’elle risquait plus de me ralentir qu’autre chose, mais bon… Avais-je réellement le choix ?

Je détournai mon regard vers ma nouvelle assistance sans prêter plus attention à son physique ou encore à son visage. Cela était sans importance tant qu’elle comprenait ce qu’elle devait faire. « Bien, tu vas t’occuper du box trois et quatre pour le moment. Tu enlèves toute la paille afin de remettre une paille toute propre que tu trouveras un peu plus loin avec tous les outils qu’il te faut. Des questions ? » Sans attendre, une réponse de sa part, je continuais mon boulot en fixant le sol avec détermination. Je me fichais pas mal de passer pour un odieux personnage. Elle allait m’énerver en me disant que ce n’était pour elle et qu’elle méritait plus de respect. Donc, autant l’ignorer tout de suite afin qu’elle comprenne que c’’était moi le chef et point final.

J’étais certainement en train de rêver. Oui, c’était sûrement sur ça. Elle venait de me répondre, moi, son supérieur. Ma nature m’empêchait de rester calme, même face à une parfaite inconnue qui décidément méritait d’être remise à sa place. Ici, elle n’avait pas le rôle de la princesse mais seulement la pénible tache d’être une employée modèle qui obéissait sans ouvrir son clapé. On m’avait prévenu que les petites filles à papa dans son genre tenteraient de prendre entre guillemet le pouvoir en marquant parfaitement leur territoire et cela se traduisait par ce genre de comportement que je ne supportais pas. Je n’avais pas à me remettre en cause, après tout elle était là pour obéir en restant une jeune femme polie. J’allais me retourner, lui dire le fond de ma pensée en essayant d’être le plus calme possible face à madame je suis riche, belle donc ferme ta gueule. En faisant face à son visage et son sourire d’hypocrite, je n’avais réussi qu’à ouvrir ma bouche, pour finalement la refermer aussitôt. Aucuns mots, aucun bruit ne pouvaient sortir à cet instant. Une boule au ventre s’installa, mes mains devinrent moites, mes yeux restèrent écarquillés et mon cœur commençait doucement à s’emballer. Cette sensation, je la connaissais que trop bien. Pendant des années, j’avais vécu avec cette émotion qui me prenait de la tête au pied en présence de cette fille si particulière à mes yeux.

« Tu as chaud ou quoi ? Tu veux que j’ouvre la fenêtre ? » Elle me regarda avec son air moqueur en allant vers la fenêtre de sa chambre afin de faire rentrer un petit courant d’air qui soulageait rapidement mes sueurs froides. J’étais dans cette petite pièce avec elle, complètement seul avec cette amie d’enfance qui me faisait un effet hallucinant et comme un idiot, je tentais de me convaincre que ce n’était que l’adolescence qui me faisait devenir aussi sensible aux charmes de cette amie qui devait rester une simple amie. « Bon, qu’est ce que tu en penses ? » Elle me présenta deux t-shirts identiques avec une teinte différente mais qui ne changeait pas grand-chose au final. Je me fichais pas mal de sa tenue. Quelque part, je devais faire un choix pour lui faire plaisir afin qu’elle me laisse en paix. Des fois, je me demandais ce que je faisais là. Je n’avais rien n’à faire ici. J’aurais du être avec des amis en train de faire une partie de football ou peut-être de basket, mais certainement pas en train de choisir un haut pour une amie qui décidément devait me prendre pour un fou. « Le rouge. » Et comme d’habitude, elle déposa le rouge à coté de moi afin de prendre l’autre couleur. Elle faisait toujours le contraire de ce que je lui disais…

Je me souvenais parfaitement de ses traits, de son regard, ainsi que de son sourire. Ma mémoire n’avait pas effacé mes souvenirs en sa compagnie, rien ou presque n’était plus beau que son rire. Je le fixais certainement comme un imbécile qui n’avait jamais vu de femme de sa vie ou comme un petit puceau en train de se faire des films dans sa tête. Je ne pouvais pas y croire ! C’était techniquement impossible qu’elle soit devant moi à cet instant. Je refermai ma bouche doucement afin de déglutir assez difficilement. Mon corps semblait figé. Heureusement pour moi, elle n’avait pas eu le temps d’assister à toute ma mascarade vu qu’elle était partie faire ces tâches sans broncher d’avantage. Finalement après quelques minutes d’hésitation extrême, je m’avançais vers le box où elle avait déjà commencé à bosser. En arrivant à sa hauteur, je voulais lui demander son prénom ou du moins savoir si c’était la réalité ou encore un fantasme de mon stupide cerveau. Mais encore une fois, aucuns mots n’avaient pu atteindre mes lèvres. J’attendais ce moment depuis tellement d’années que je me demandais ce que je faisais à hésiter à lui parler. Elle n’avait visiblement pas remarqué ma présence. A ce moment précis, je me décidais que ces conseils m’auraient été précieux…

« Illan, pour draguer une fille, il n’y a rien de plus simple. Dans un premier temps il faut être canon ensuite être à l’écoute, savoir la faire rire et surtout avoir de la discussion. Avec ça, elle est à toi. » J’avais jamais cru à cette affaire vu que je me faisais souvent refouler avec cette méthode. Mais bon, elle me donnait peut-être son mode de fonctionnement pour être séduite. « Comment, tu t’appelles ? » Un miracle ! J’avais enfin réussi à formuler une phrase au bout de la troisième tentative ! J’attendais sagement sa réponse en m’accoudant à la porte du box avec un air décontracté alors qu’en réalité, j’étais en train de mourir d’angoisse. J’imaginais tellement de scénario dans ma tête à cet instant.